5 questions au pasteur Salomon Rabarison, fondateur de la Cevam. Il revient sur son parcours spirituel et la création de l’église.
Le paysage protestant malgache se recompose. A partir de l’essor du pentecôtisme à Madagascar dans les années 1960, de nouvelles Eglises, issues de cette matrice, ont été créées. C’est le cas de l’Eglise CEVAM à Tananarive. Cette église dotée d’un équipement ultramoderne a la particularité d’être évangélique, charismatique, et affiliée aux Quakers. Le pasteur Salomon, son fondateur, nous en dit plus.
Quel a été votre parcours spirituel ?
D’origine, je suis protestant. Mais, je me souviens, c’était dans les années 1960, le pentecôtisme pour la première fois est apparu à Madagascar. Et à cette occasion, j’ai avec mes parents, adhéré à cette église pentecôtiste, la Jesosy Mamonjy, fondée par le pasteur Daoud et sa femme. C’était la première église pentecôtiste malgache, dans les années 1960, un peu avant les Assemblées de Dieu. Il y avait un grand élan. J’ai adhéré, mes parents aussi. J’ai reçu le Seigneur dans cette église. Puis bien plus tard, il m’est arrivé de servir de traducteur au pasteur Daoud, et de l’assister en certains domaines. Du côté professionnel, j’ai fait toute ma carrière dans l’aviation, à Air Madagascar. Mais à un certain moment, ayant reçu l’appel de Dieu, avec mon épouse, on a démissionné de notre travail. Moi, j’étais chef CPN, Chef du Personnel Naviguant. J’étais Chef de cabine principal sur le Boeing 747, j’avais été promu jusqu’au sommet. Ensuite, parce que pour les naviguants, il y a un âge limite, j’ai ensuite travaillé au sol, puis démissionné pour m’adonner complètement au service du Seigneur.
D’où vous est venu le projet de créer une nouvelle église à Tananarive ?
Cette église où nous sommes aujourd’hui, la CEVAM, à Tananarive, a commencé en 1996, à Pâques. L’appel de Dieu que j’avais reçu à son sujet datait, lui, de 1993. J’étais encore dans mes activités professionnelles, je n’ai pris ma retraite anticipée qu’en 2005. Avec mon épouse, nous avons commencé comme évangélistes itinérants. Nous n’hésitions pas à prendre l’avion, l’hélicoptère. On visitait les communautés, on prêchait, en accord avec les églises locales. Surtout avec les églises évangéliques. On contactait les pasteurs d’églises évangéliques, dans le centre et à Tananarive, on leur disait qu’on allait évangéliser dans telle ville, et cela se faisait. Quand je travaillais à Air Madagascar, et que j’étais stewart sur un petit avion, cela me permettait de survoler les endroits, de prier, avec la carte. Et puis, petit à petit, est venu l’appel de constituer une église évangélique à Tana.
Pouvez-vous nous décrire les débuts de l’Eglise CEVAM ?
L’acquisition d’un domaine mitoyen s’est présentée. Nous avons acheté, pour faire cette église. C’était à Pâques 1996. C’est là qu’il y a eu le 1er baptême. Quand je me souviens de la vision de départ pour la mise en place, on ne pensait pas à une église comme maintenant. On prêchait sur la radio en même temps. On donnait notre adresse, les gens venaient chez-nous pour demander où aller : on n’avait pas prévu de créer une église, mais à partir de la cellule de maison, entre 1995 et 1996, nous sommes passés à une église. Cette année 1996, nous avions 50 personnes dans le salon, il avait fallu élever les murs dans la cour…. Il était temps de bâtir. Notre pasteur de l’église pentecôtiste nous avait dit : quand l’église se forme, il faut tout de suite un baptistère. C’est ce que nous avons fait, au départ, avec un espace de 100m2 dont un baptistère.
Quels ont été les développements de cette oeuvre ?
J’ai dit au pasteur de notre église pentecôtiste Jesosy Mamonjy : « nous avons un appel, des gens ne veulent pas venir chez vous, mais ils viendront chez nous ». Il m’a répondu, « C’est vrai frère, effectivement ». Des gens sont venus ici qui ne seraient jamais venus à l’église Jesosy Mamonjy. Savez-vous que le président actuel de Madagascar (Andry Rajoelina) a déjà assisté à une réunion ici ? Lui et sa famille ne se seraient pas rendus à Jesosy Mamonjy, mais ici, ça fonctionne. Et notre église CEVAM s’est développée, avec l’enseignement chrétien évangélique, la vie dans l’Esprit, et cet accent sur l’excellence, la louange, la bonté de Dieu. Tout n’est pas facile. Du côté des Eglises traditionnelles (FJKM, catholiques), il y a beaucoup de méfiance. Mais l’oeuvre se développe. Nous avons des pilotes, des stewards, des hôtesses qui viennent au culte. Nous nous sommes agrandis. Dans nos locaux actuels, tout neufs, que nous avons pu payer sans faire de dettes, nous pouvons accueillir des centaines de personnes dans des conditions excellentes, pour la gloire de Dieu. Notre lieu de culte s’appelle le Palais des louanges. Pour honorer le Seigneur.
Comment voyez-vous les relations avec les autres Eglises à Madagascar ?
Le pasteur Daoud (fondateur du réseau des églises Jesosy Mamonjy à Madagascar) est mort en 2004. Il était une référence, un garant du travail en commun. Depuis, les églises se sont beaucoup développées et diversifiées. Ce n’est pas simple. Mais nous avons maintenant la FIMPIFIMA (association des pasteurs et prédicateurs de l’Evangile, en malgache). Puis est venue une nouvelle corporation/confédération, qui associe des évangéliques, des pentecôtistes, des FJKM. IL n’y a que les catholiques, les témoins de Jéhovah les adventistes qui n’en font pas partie. Le président est élu. Il s’agit du pasteur Adolphe. La FJKM (la principale église protestante) est en bons termes avec cette organisation. Après toutes ces années, il y a du mieux dans les relations. Madagascar est un pays chrétien, mais il y a besoin d’approfondir, et de se retrouver ensemble dans l’unité de l’Esprit. Ici, à l’église CEVAM, on prêche Jésus-Christ et la vie par l’Esprit. On prêche ce qu’on croit et ce qu’on reçoit, mais il y a toujours vérification biblique. On ne peut pas contredire la parole de Dieu. Nous nous sommes rapprochés des Quakers, la dénomination des Friends, et nous sommes devenus affiliés. Nous sommes des Friends charismatiques malgaches.