Entretien avec le pasteur Vincent Miéville, de l’Union des églises évangéliques libres, qui pose un regard sur la francophonie protestante.
Né en Suisse romande, le pasteur Vincent Miéville est président depuis 2011 de la commission synodale de l’Union des églises évangéliques libres, une des familles qui compose la Fédération protestante de France. Il nous partage ici son regard sur la francophonie protestante.
En tant que responsable d’une union d’Église rattachée à la FPF, pouvez-vous vous présenter et décrire vos principales activités ?
Je suis pasteur depuis une vingtaine d’années dans les Eglises évangéliques libres en France mais je suis né en Suisse romande. Après avoir terminé mes études à la faculté de théologie de Vaux-sur-Seine, et après un stage d’introduction au ministère pastoral à Orthez, j’ai été successivement pasteur à Bergerac, Avignon et Toulouse où je suis en poste depuis l’été 2013. En plus de mon ministère pastoral local, je suis président de la commission synodale de l’UEEL depuis 2011. L’essentiel de mon temps est partagé entre ces deux activités. Le reste, je le consacre à ma famille (je suis marié et j’ai deux filles de 18 et 20 ans) et à mes loisirs favoris (cinéma, lecture, concerts, jeux de société…).
Quelle est la part, dans les Églises de votre Union, des francophones non français ?
Une part croissante ! Nous ne faisons évidemment pas de statistique éthnique mais il est évident que nos Eglises comptent de plus en plus de francophones non français, notamment originaires d’Afrique ou Haïti. C’est particulièrement vrai dans les grandes villes. Globalement, j’ai l’impression que leur intégration dans les communautés se passe plutôt bien, même si la mixité culturelle pourrait sans doute être améliorée. Ils sont assez souvent présents dans les conseils d’Eglises. Nous avons par contre encore peu de pasteurs issus de ces populations mais ça commence à venir. Par contre, nous avons depuis longtemps des pasteurs issus de la francophonie européenne (notamment la Suisse).
Pourriez-vous décrire les relations missionnaires que vous entretenez avec la francophonie ?
Depuis quelques années, elles se sont développées. Un partenariat avec l’Eglise évangélique du Congo nous permet de soutenir l’action de la faculté de théologie de Brazzaville (une association des amis de la faculté vient d’être créée) et la formation pastorale des accompagnants des malades du SIDA. Dans la même optique, nous soutenons l’institut de théologie évangélique à Madagascar en envoyant régulièrement un pasteur pour assurer quelques cours. Des liens existent avec l’Eglise protestante d’Algérie, notamment pour un programme de formation : “Aventure Formation”. Il s’agit de l’adaptation d’un programme de trois ans que nous avions élaboré à l’origine pour l’Eglise évangélique libre de Nouvelle-Calédonie. Un partenariat étroit avait été signé dans les années 90 avec cette Eglise, il y avait des voyages réguliers de formateurs de notre Union d’Eglises et la venue à plusieurs reprises en France de délégations kanaks. Cette formation, adaptée, s’est exportée au Vanuatu. Si les liens se sont aujourd’hui distendus avec la Nouvelle-Calédonie, pour des raisons de dissensions internes là-bas, des relations avec le Vanuatu se sont poursuivies, grâce en particulier à la création d’une association liée à notre Union, la SEPF (soutien à l’enseignement protestant francophone). Le programme “Aventure Formation” fonctionne aussi aujourd’hui à la Réunion.
Au sein de quels réseaux francophones êtes vous le plus impliqué ?
L’UEEL est partenaire de la plateforme “Ensemble pour le Congo-Brazzaville” initié par la Fédération protestante de France. Mais nos différents engagements ont été essentiellement initiés par des réseaux internes, ceux des membres de nos Eglises (congolais, algériens…).
Pensez-vous qu’il y a une manière francophone de vivre le protestantisme ? Si non, pourquoi ? Si oui, comment la décrire ?
Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une identité protestante francophone spécifique et forte. Certes, la langue commune permet des points de contact, notamment sur le plan de l’hymnologie ou du débat théologique. Mais les différences culturelles sont tout de même très marquées dans la façon globale de vivre le culte. Ceci dit, la réalité francophone est un atout certain pour la collaboration internationale : pouvoir échanger et prier dans la même langue crée immédiatement un terrain propice.