Au sein de la francophonie de l’espace asiatique, les Hmong occupent une place à part. Dans un entretien en deux volets, le pasteur Olivier Lo nous en apprend davantage.
Au sein de la francophonie de l’espace asiatique, les Hmong occupent une place à part. Ce peuple de montagnards originaire du Nord du Viet Nam et du Laos est en effet marqué par une expérience diasporique intense : au moins 30 000 sont établis en France, et parmi eux, nombre de protestants ont tissé leurs réseaux. Entretien avec le pasteur Olivier Lo (Xh Vam Tseeb Lauj).
Pouvez-vous vous présenter ?
A l’issue de la guerre du Vietnam, mes parents ont fui le Laos et sont arrivés en France en 1978 via les camps de réfugiés de la Thaïlande. Je suis établi en France et j’ai grandi dans une famille pratiquant l’animisme traditionnel Hmong. Ma famille s’est tournée religieusement vers le protestantisme lorsque le responsable spirituel de la famille est décédé en 1988. Nous avons fréquenté successivement les communautés protestantes évangéliques Hmong de Chalon-sur-Saône, de Troyes puis de Grigny. Je me suis converti à Jésus à l’âge de 26 ans lors d’un camp de jeunes Hmong. Les études bibliques sur le péché de l’homme, la grâce de Dieu et la mort de Jésus sur la croix à ma place m’ont bouleversé. J’ai dans la foulée rencontrée mon épouse de l’église Hmong d’Alençon. Nous avons aujourd’hui 5 enfants. Et juste après notre mariage, je suis parti me former à l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne, puis à la Faculté de théologie de Vaux-sur-Seine. Depuis 2012, je suis pasteur de l’Eglise protestante évangélique Hmong d’Ile-de-France à Saint-Vrain. Je suis également membre du Conseil d’administration de l’Alliance des Eglises Chrétiennes et Missionnaire de France (AECM France) depuis 2014.
D’où viennent les églises Hmong en France ?
Les Hmong du Laos ont été touchés par le travail missionnaire de l’église catholique et celui de la Christian and Missionnary Alliance des Etat-Unis (C&MA). Après l’exode des Hmong du Laos dans les années 70-80, la mission mère C&MA a recherché les Hmong touchés par leur travail. Les églises protestantes évangéliques Hmong sont alors apparues un peu partout dans le monde ainsi qu’en Métropole et en Guyane française. En France, nous pouvons mentionner également le travail de la Fédération Romande d’Eglises Evangéliques (FREE) auprès des réfugiés laotiens qui a donné lieu à la naissance d’églises asiatiques pluriethniques : laotien, hmong, Mienh, K’hmu.
Que représentent aujourd’hui les églises Hmong en France ?
L’AECM France compte 7 églises en Métropole : il s’agit des églises locales de Saint-Vrain, Vonnas, Caen, Retiers, Tours, Nantes, Alençon. On compte par ailleurs aussi trois églises en Guyane Française. Elles sont situées à Cacao, Javouhey et Iracoubo. Il y a quatre autres communautés liées historiquement à la C&MA mais actuellement indépendantes. Elles sont implantées à Rennes, La Verrie, il y a aussi l’Eglise Hmong du Calvados et celle de Chalon-sur-Saône. En effet, les églises Hmong issues de la C&MA avait mis en place leur union[1] d’églises dans les années 2000 mais celle-ci a été dissoute en mars 2017 pour que les églises Hmong intègrent l’AECM France. Lors de cette dissolution, certaines églises ont rejoint l’AECM France, d’autres pas.
Du côté des églises issues de la FREE, cinq églises se sont regroupées en tant qu’Union des Eglises Evangéliques Lao. Ces assemblées sont basées à Avignon, Sevran, Bourges, Rochefort-du-Gard et Lyon. Nous pouvons ajouter à cela qu’il y a actuellement une implantation d’église indépendante à Lyon fondée par des familles Hmong de Chalon-sur-Saône venues s’installer en région Lyonnaise, une autre implantation d’église indépendante à Cayenne, une église Hmong d’Avignon affiliée à la Hmong Baptist National Association des Etats-Unis ainsi qu’une petite communauté Hmong de tendance charismatique sur Lyon. On aboutit à un total de 23 communautés, réparties entre métropole et Guyane. Il y a des familles Hmong dispersées dans toute la France se réclamant du protestantisme. Il n’existe pas encore de recensement exact, je pense que nous pouvons évoquer entre 500 et 700 adultes fréquentant régulièrement le culte dominical en France aujourd’hui.
[1] La Fédération des Eglises Chrétiennes et Missionnaires Hmong de France (FECMIM)
Lire aussi le 2è volet de l’entretien avec le pasteur Lo