Interview du Professeur Honoré Muenyi, secrétaire académique de la Faculté de théologie et responsable du département de théologie pratique à l’Université Protestante au Congo (UPC).
Vous êtes spécialiste de théologie pratique. Quelle est aujourd’hui votre priorité en tant que formateur ?
En théologie pratique, notre désir est d’abord de former des laïcs. C’est une grande préoccupation pour nous dans le contexte de l’Eglise au Congo RDC. Quand les missionnaires sont arrivés, leur objectif, c’était la conversion des âmes, et implanter l’Eglise là où elle n’existait pas. Cela fut une réussite. Nous sommes le produit de l’Église missionnaire aujourd’hui, et il y a beaucoup de fruits. Mais le gros du travail s’appuyait sur le pôle des pasteurs. Ce sont eux qui faisaient fonctionner l’ensemble. Les Églises congolaises pensaient que sans les pasteurs, l’Église ne pouvait pas survivre. Il faut mentionner aussi, à leur côté, les catéchistes, qui ont joué un rôle considérable. En-dehors de cela, il n’y avait presqu’aucune formation des laïcs dans les paroisses. Il est très important de remédier à cela. Aujourd’hui, après plus de 100 ans d’évangélisation, les pasteurs étrangers ne sont plus là, les églises se sont multipliées. Il ne faut pas juste des pasteurs, il faut équiper les laïcs. Pour l’instant nous ne le faisons pas assez.
Quels sont vos principes d’action ?
Nous devons travailler en coresponsabilité pour former des laïcs capables de répondre à leur vocation comme chrétiens. C’est la vocation de l’Eglise, la vocation commune pour tous les chrétiens. Nous sommes coresponsables ! Nous devons former les laïcs pour la prise en charge de l’Église. Servir l’Église dans l’exercice des différents ministères. Nous sommes protestants, et nous croyons donc dans le principe du sacerdoce universel. Tous les laïcs, y compris les femmes et les jeunes, doivent bâtir l’Église, et pouvoir être mieux formés pour cela.
D’après-vous, est-ce d’abord à l’intérieur des Églises protestantes que ce rôle des laïcs doit se voir ?
Non, au contraire. Il doit y avoir bien-sûr un impact sur l’Église. Mais la formation des laïcs leur permet aussi et surtout d’être plus présent, en tant que chrétien protestant, dans les domaines de l’économie, de la politique. Il faut accompagner la formation des laïcs congolais pour servir dans tous ces domaines. Les laïcs chrétiens sont très nombreux dans les divers secteurs de la vie sociale, économique et politique. Il faut mieux les préparer à être la présence de l’Eglise dans le secteur économique, politique et culturel. N’oublions pas que les pasteurs sont souvent cloîtrés dans l’Église, c’est là qu’ils exercent. C’est leur domaine. Les laïcs, eux, sont dans le monde, bien plus que les pasteurs. Il faut les préparer.
Sur quels outils protestants francophones vous appuyez-vous à l’UPC ?
Nous manquons toujours d’outils en catéchèse francophone protestante. Des méthodes qui soient adaptées dans le contexte africain. Pour la réalité de notre vie quotidienne en Afrique. Alors on se débrouille, on récupère de maigres outils par ci-par-là. Nous espérons des progrès dans les années à venir. Il y a, à vrai dire, beaucoup de matériaux catholiques, aux éditions Lumen Vitae, c’est de la catéchèse francophone que nous utilisons car elle est disponible et de qualité. J’observe que les protestants francophones publient beaucoup moins.