L’histoire du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger (CPAFE), l’un des grands réseaux protestants francophones.
Parmi les grands réseaux protestants francophones initiés par la métropole, l’autre association à avoir vu le jour au début du XXe siècle (après la CEEEFE) est le Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger. « World Huguenot Center » (en anglais), Welt Hugenotten Zentrum (en allemand). Sa fondation date du 11 juin 1915, en pleine Première Guerre Mondiale. Il portait alors un nom différent, celui de Comité Protestant de Propagande Française à l’Étranger.
Selon les mots du missiologue Jean-François Zorn, son objet était de « faire entendre la voix du protestantisme français dans les pays neutres, et attirer leur sympathie pour notre pays »(1). Après la victoire de novembre 1918, le nom a été modifié une première fois en Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger (CPAFE). Il s’est particulièrement consacré à appuyer la présence protestante dans des régions dévastées par la Grande Guerre, se signalant par une participation décisive dans la reconstruction des temples protestants de Reims (Marne) et de Château-Thierry (Aisne). Lors de l’inauguration de ce temple axonais réalisé grâce aux architectes Paul-Philippe Cret et Achille-Henri Chauquet, le Comité proposa en 1924 sa première émission radiophonique du dimanche matin sur la radio nationale France Culture. Cette émission s’est pérennisée. Aujourd’hui encore, le CPAFE anime une émission radiophonique diffusée sur France-Culture chaque premier dimanche du mois, à 8 h 25 du matin.
Mise en réseau des héritiers du Refuge huguenot
Durant les années de reconstruction après-guerre, le Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger multiplie les liens, les échanges, les solidarités. C’est en partie grâce à ses appels en direction des États-Unis (où la diaspora huguenote est très active) que le nouvel immeuble qui accueille la Fédération Protestante de France s’ouvre au 47 rue de Clichy à Paris. Le CPAFE s’y installe dès l’ouverture et poursuit son œuvre sur deux axes principaux : un axe européen (des îles britanniques à la Pologne en passant par la Hongrie, la Tchécoslovaquie et l’Autriche) et les Amériques (du Nord et du Sud). Mais au-delà, il s’ouvre à tous les pays marqués par le Refuge huguenot, via deux ressources : les Églises protestantes de langue française et les sociétés huguenotes. Protestantisme et langue française constituent deux ciments majeurs, bien que la foi protestante ne soit nullement obligatoire, ni l’usage de la langue française, parfois oubliée au fil des générations d’expatriés.
Depuis 1967, dix-sept réunions internationales francophones
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Comité s’est « spécialisé dans les contacts avec les Sociétés Huguenotes dans le monde » (Zorn). Vecteur de lien, promoteur d’une mémoire pacificatrice, il propose tous les trois ans une réunion internationale de descendants de huguenots, en France, dans une région marquée par l’héritage protestant. A dater de l’année 2015, ce sont pas moins de 17 rassemblements huguenots et francophones qui ont ainsi été organisés par le CPAFE(2). La première rencontre s’est déroulée en 1967 dans les Cévennes. Les suivantes ont eu lieu à La Rochelle (1969), à Fontainebleau et Châtillon-Coligny (1972), à Strasbourg et Colmar (1975), à Rouen (1978), à Grenoble et en Dauphiné (1981), à Paris et en Touraine (1985), à Nîmes et en Cévennes (1988), à Agen (1991), Poitiers (1994), Mulhouse (1997), en Bretagne (2000), en Cévennes (2003), en Haute Normandie (2006), sur les pas de Calvin pour le 500e anniversaire de sa naissance, à Paris (2009), à Valence, entre Drôme et Ardèche, en septembre 2012…
En septembre 2015 c’est dans le Bordelais et la vallée de la Dordogne que se tiendra le 17e congrès, témoignant d’une fidélité, d’une identité et d’une diversité interconnectée, sous le double signe du protestantisme et de la francophonie.
(1) Jean-François Zorn, « Les protestants français et la francophonie », in Sébastien Fath et Jean-Paul Willaime (dir.), La nouvelle France protestante, Genève, Labor et Fides, 2011, p.279-289.
(2) Voir le site internet de l’association : http://www.huguenots.fr/