La musique Gospel elle-même est née aux Etats-Unis au XIXe siècle à la rencontre d’une hymnologie chrétienne populaire et de la culture émancipatrice des afro-américains. Elle s’inscrit au départ dans l’univers linguistique de l’anglophonie. « Brothers and sisters, AMEN ! ».
Une musique Gospel chantée aussi en français et en créole
Pourtant, la musique Gospel actuellement écoutée dans l’espace francophone est loin de se réduire à une simple importation américaine, même si le référentiel états-unien reste considérable. Produite aujourd’hui par plusieurs centaines de groupes et solistes, la musique Gospel est largement réélaborée et enrichie dans un contexte francophone, sur la base de répertoires, inspirations et registres diversifiés, issus pour partie du vaste territoire circulatoire euro-méditerranéen où les diasporas africaines et protestantes construisent leurs réseaux. Les chants Gospel, interprétés tantôt en anglais, tantôt en français, tantôt en créole, ne sont donc pas seulement des vecteurs interculturels par leur effet sur le public. Ils sont aussi eux-mêmes, en amont, le fruit d’une rencontre interculturelle.
De nombreuses interprétations proposées par le chantre gospel congolais Marcel Boungou, par exemple, témoignent de ce renouvellement et de ces hybridations entre France, Afrique et Etats-Unis. On retrouve, dans son répertoire, des « standards » anglo-saxons comme Amazing Grace, Come Holy Fire, Go Down Moses, mais aussi des chants francophones très populaires comme Il n’y a vraiment personne comme Jésus, ou des compositions personnelles en français comme Il s’appelait Emmanuel. Ancré en Seine-Saint-Denis où il chante régulièrement dans l’Eglise Centre du Réveil Chrétien des pasteurs Goma, la francophonie est son territoire, entre concert à Libreville (1er novembre 2014) et tournée Palata en Belgique (décembre 2014).